Equilibre...
Trouver l’équilibre d'une posture
Trouver l’équilibre dans sa vie
Être funambule...
L’équilibre, c’est savoir se rendre attentif, écouter son corps et ses oscillations internes.
Ma pratique est la chose la plus importante à mes yeux, bien au-delà de mon travail. Ma recherche intérieure, cet espace d’exploration infini, est ma source de joie et d’émerveillement.
Je suis une personne rigoureuse, le principe de Tapas[1], l’auto-discipline, ça me connaît ! Je pratique quasi chaque jour. Parfois tôt, parfois tard, au milieu de la journée, parfois juste 30 minutes… j’organise mon agenda chargé en me réservant ce temps précieux pour moi, question d’équilibre ! J’ai mes routines de pratiques diverses : Pilates bien sûr, cardio-training, renforcement…en plus de celle qui sous-tend le tout, du Yoga.
Mais voilà, la vie à Paris est souvent hostile, éprouvante énergétiquement. Être son propre patron, travailler du matin au soir, prendre soin des autres, manquer de sommeil… tout cela génère une fatigue qui s’accumule par strates, doucement, comme de la poussière qui bloque les rouages de notre système peu à peu.
En ce qui concerne la pratique du Yoga, l'on entend souvent dire qu’il faut travailler les postures 6 jours sur 7. Ahah! Mais alors si je ne le fais pas, que se passe-t-il ? Suis-je punie ? Transformée en crapaud ? La police du Yoga va-t-elle me poursuivre ? Ou pire vais-je devenir une mauvaise enseignante ?
Oh rage, oh désespoir, quelle tragédie !
Ces périodes déstabilisantes de grande fatigue altèrent mon état physique et mental, et me rendent toujours bancale. Elles arrivent généralement à l’entrée et à la sortie de l’hiver.
Voici ma stratégie :
Lorsque cela survient, deux choix se présentent : je m’obstine au risque de me surfatiguer et de me blesser -j’ai déjà connu le surentraînement et ce n’est pas top- ! ou alors je me plie au conseil avisé de ma petite voix intérieure qui me dit « STOP cocotte, accepte de ne rien faire ! »
Bien souvent, comme j’ai du courage, cela commence par la phase « Résistance ».
Je renarde, impossible de « m’avouer vaincue », repoussant ce seuil d’épuisement du bout du pied parce qu’après tout la pratique va me donner de l’énergie ! Et pourtant je sens bien cette lourdeur, engluée que je suis dans l’épuisement, motivation dans les chaussettes, corps éteint, mou…
Mais je continue -tapas, tapas... entêtement surtout !
C’est à ce moment précis qu’entre en scène la super héroïne, la salvatrice « Résignation »,
emportant tout sur son passage car son super pouvoir est irrésistible ; je cède, courbant l’échine, j’accepte la mise en pause, j’annule même des cours sans aucun scrupule, pour faire un break total, même un seul jour, recharger les batteries, car ma priorité est d’aller bien, de respecter et cajoler mon petit véhicule terrestre qui me permet d’Être.
Pour résumer, je pense qu’il y a un temps pour s’entrainer et le pendent nécessaire : un temps pour se reposer, s’évader de ces « obligations » que l’on se colle à soi-même ; car être trop rigoureux devient alors un défaut !
Et lorsque l’on sent les signaux d’alerte - sommeil difficile, corps fatigué, moins de joie intérieure- le mieux sera toujours de s’écouter, de dire STOP, d’accepter et d’accueillir ce moment de lâcher-prise qui n’est pas un échec. Se défaire de la frustration et faire ce que l’on pense être le mieux sans s’auto-flageller.
Ne pas savoir dire stop, s’acharner, devient une violence envers soi-même, et dans la voie du Yoga le Yama Ahimsa ne signifie-t-il pas la non-violence ? Envers les autres mais aussi envers soi-même. Il est donc parfois plus « yogique » de ne pas pratiquer si cela met en péril notre intégrité physique, et d’apprendre à se traiter avec douceur, quelle que soit la discipline. D'ailleurs, contrairement aux autres « méthodes », le Yoga est si vaste, qu’il est finalement aisé de continuer à pratiquer lors des périodes de fatigue physique, différemment, comme par exemple étudier des ouvrages dédiés, se concentrer sur la pratique de pranayama adéquats, méditer… profiter donc pour explorer l’essence du Yoga à travers ses autres facettes.
Je sais qui je suis, où je suis. Je n’ai absolument plus rien à prouver à personne. Je poursuis simplement mes chemins, alignée, avec des hauts, des bas, des rugosités qui en font aussi la saveur.
« Chaque jour est un bon jour », ce proverbe zen issu de la cérémonie du thé, ne me quitte jamais en pensée.
Rêvasser, rester immobile, méditer, se promener, jardiner, manger avec des amis, puis revenir quelques jours ou semaines plus tard sur son tapis, régénérée, désencombrée, toute neuve comme après une mue salvatrice.
Être Funambule !
[1] Tapas représente l’auto-discipline, la rigueur et fait partie des Niyama, principes que l’on retrouve dans les Yoga Sūtra de Patañjali, les niyamas constituant le second échelon, parmi les 8 piliers du Yoga. Il s’agit des règles de vie, de discipline que l’on se donne à soi-même et dont tapas fait partie.
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