Je souhaite aujourd'hui partager avec vous « quelques mots » au sujet des Hasta Mudrās. Plus précisément de JNANA Mudrā et CHIN Mudrā, toutes deux connues, car visibles dans de nombreuses représentations picturales hindoues et bouddhistes, mais dont on ignore la signification bien souvent.
HASTA MUDRĀ
DEFINITION
En langue sanskrite, Hasta signifie la main, et Mudrā (nom féminin en français) : le sceau, le signe, le symbole.
Les hasta mudrās sont donc des gestes sacrés symboliques, datant de plus de 3000 ans.
Elles désignent une position codifiée des doigts et de la main ; chacune possédant une signification et une action précise (sur le corps, l’esprit, la circulation énergétique).
DE MANIERE GENERALE
Dans la philosophie yogique, on considère que Tout ce qui compose l’Univers (macrocosme), se retrouve en miroir à l’intérieur de nous (microcosme), ainsi dans chacun de nos doigts nous retrouvons, en correspondance, l’un des 5 éléments constituant le cosmos :
Le Pouce représente le Feu (Agni)
L’index : l’Air (Vayu)
Le majeur : l’Éther (Aakash)
L’annulaire : la Terre (Prithvi)
L’auriculaire : l’Eau (Jala)
Les doigts, irrigués par de nombreuses terminaisons nerveuses et énergétiques, sont également reliés chacun à un organe et à un centre énergétique -Chakra- par l’intermédiaire des Nadis -canaux comparables aux méridiens dans lesquels circule le Prana qui est l’énergie vitale-. Il s’agit donc d’une zone clé très intéressante à explorer.
La mudrā va unir des points énergétiques, sceller le Prana, empêcher sa fuite par les extrémités, comme un verrou, et dirigera au contraire son flux vers des directions précises du corps (un organe, un centre énergétique...)
Ainsi, en joignant nos doigts d’une certaine façon, en mettant en lien nos Nadis, nous activons -selon la mudrā choisie- une vibration énergétique spécifique et créons des passerelles entre les différents éléments qui nous constituent.
De manière générale, la pratique de la mudrā en méditation, ou ajoutée à la pratique des Asanas (postures) en Yoga, rééquilibre le corps et l’esprit, harmonise notre être au diapason de l’Univers. Leur pratique permet de canaliser nos émotions, d’équilibrer Prana, d’apaiser des douleurs, de restaurer un équilibre physique, mental ou énergétique ; en somme de soigner le corps et l’esprit.
Leur utilisation conduit également à une élévation de notre taux vibratoire.
En Yoga, la mudrā renforcera une posture, la couronnera, lui donnant sa pleine dimension.
En méditation assise, elle renforcera l’intention posée dans notre esprit, nous canalisera dans le chemin méditatif.
JNANA MUDRĀ et CHIN MUDRĀ
JNANA MUDRĀ
Sceau de la sagesse
CHIN MUDRĀ
Sceau de la connaissance
Pour réaliser ces deux mudrās, on joint le pouce (Feu) à l’index (Air) en un cercle qui maintiendra et scellera la circulation énergétique.
Le pouce représente Brahman : la conscience universelle, l’Absolu, le Tout. L’Index représente Atman, la conscience individuelle incarnée, le Soi. En reliant ces deux points, on relie L’Homme au cosmos, le Soi au Tout, ce qui est aussi le « but » ultime du Yoga.
A noter qu’il est possible de moduler la position de ces deux doigts, ainsi si le pouce se place légèrement au-dessus de l’ongle de l’index, alors l’ego sera abaissé, en signe d’humilité. Faire taire l’ego de manière plus appuyée pour élever sa conscience.
Les trois doigts restants sont allongés mais détendus. Ils représentent, entre autres choses, les trois Gunas, qualités que l’on retrouve dans la Nature et qui composent toute chose, à des degrés différents de dominances : SATTVA (la pureté, l’harmonie, connaissance, contentement…) / RAJAS (l’activité, création, passion, énergie, désir…) / TAMAS (la négativité, destruction, obscurité, paresse, l’inertie, l’attachement…).
Dans les deux mudrās que j’évoque ici, cela symbolise donc le fait que notre conscience doit s’élever au-delà de ces caractéristiques.
Mais ces 3 doigts peuvent aussi être une symbolique du passé, du présent, du futur au-delà desquels également nous souhaitons nous élever.
La différence entre JNANA mudrā et CHIN Mudrā réside donc seulement dans la position de la paume de main.
Tournée vers le ciel dans JNANA , elle favorise l’aspiration à la sagesse Universelle, à l’élévation, en appel à la compréhension de l’Univers, tandis que la paume vers la terre de CHIN, favorise notre ancrage et représente un appel à l’introspection et à la compréhension du Soi.
Qu’il s’agisse de l’une ou de l’autre, en les réalisant, nous relions notre microcosme au macrocosme, Atman à Brahman. Ces mudrās nous amènent à une qualité d’écoute fine dans l’Instant présent, aiguisent notre concentration, améliorent notre mémoire. Elles apportent un sentiment de paix intérieure et d’union.
Le sujet de la Mudrā est vaste et complexe. Je ne suis absolument pas spécialiste, je touche du bout des doigts ce domaine, en surface, et écris donc en toute humilité cet article.
De nombreux livres existent (avec lesquels je me documente) dont :
- MUDRĀ le secret sacré, d’Indu Arora qui est un magnifique ouvrage, mon préféré !
- LES MUDRAS en pratique, de SWAMI SARADANANDA ouvrage très pratique comme son nom l’indique, même si j’étais étonnée d’y trouver chin mudra paume vers le Ciel et Jnana mudra vers le Terre… erreur ? Je ne sais, n’étant pas spécialiste.
Avec humilité et curiosité,
Namaste
Julie
😍Merci pour ces explications qui permettent de saisir un peu de ce qui se cache derrière les postures!